Le combat du capitaine Newman

David Miller

Avec Gregory Peck, (le psychiatre, capitaine Josiah Newman), Tony Curtis (l’infirmier, caporal Jackson Leibowitz), Angie Dickinson (l’infirmière, lieutenant Francis Corum), Eddie Albert (Colonel Bliss), Robert Duval (le capitaine Winston)

Couleurs - 1963 - DVD

L'intrigue

Leibowitz et Francis Corum sont recrutés comme infirmiers dans le service psychiatrique d’une base militaire dirigée par le docteur Newman. Les soldats reviennent traumatisés du front et l’équipe soignante s’active pour les renvoyer au front, les reformer ou les diriger vers un autre service. On assiste à la vie quotidienne de cette unité de soins.

  • Gregory Peck, (le psychiatre, capitaine Josiah Newman) et Angie Dickinson (l’infirmière, lieutenant Francis Corum)

  • Gregory Peck, (le psychiatre, capitaine Josiah Newman) et Tony Curtis (l’infirmier, caporal Jackson Leibowitz)

  • Tony Curtis (l’infirmier, caporal Jackson Leibowitz) et les prisonniers italiens

  • Gregory Peck, (le psychiatre, capitaine Josiah Newman) et Angie Dickinson (l’infirmière, lieutenant Francis Corum)

  • L'hôpital psychiatrique

  • Tony Curtis (l’infirmier, caporal Jackson Leibowitz)

  • Gregory Peck, (le psychiatre, capitaine Josiah Newman) et Angie Dickinson (l’infirmière,

  • Ralph Grennson

  • Paula Strasberg, Ralph Grennson et Eunice-Murray à lenterrement de Marilyn Monroe

  • David Miller

  • Le combat du capitaine Newman Affiche

Soigner les traumatismes de guerre

David Miller a réalisé plus de trente films et n’a pas retenu l’attention des cinéphiles à l’exception du western cérpusculaire : Seuls les indomptés (1962) dialogué par Dalton Trumbo, produit et interprété par Kirk Douglas qui en revendiquera la paternité, et du vénéneux et troublant thriller Le masque arraché (Suden Fear) (1952) (( Antoine Sire a fait un remarquable portrait de David Miller dans le bonus du dvd : « Le masque arraché » de David Miller, Rimini éditions )). Le scénario du film Le combat du capitaine Newman est écrit à partir d’une nouvelle de Léo Rosten, écrivain, humoriste et scénariste américain qui est l’auteur d’un livre a succès traduit en Français en 1968, « Les joies du yiddish ». Léo Rosten était un ami proche de Ralph Greenson, célèbre psychiatre et psychanalyste américain qui a servi de modèle au personnage du capitaine Newman. Greenson considéré comme le psychanalyste des stars d’Hollywood, il était celui de Marylin Monroe et de Tony Curtis, avait travaillé comme psychiatre pendant la guerre sur la base de Yuma aux Etats-Unis.
Pendant le second conflit mondial, l’armée américaine a pris très au sérieux les troubles psychiques des combattants qui représentaient une part importante des blessés de guerre. Le combat du capitaine Newman décrit le sort réservé aux soldats traumatisés par les combats en Europe et en Asie. Les blessés débarquent par avion sur une base militaire située au centre des Etats-Unis et sont « traités » dans le service du capitaine Newman qui doit, en 6 semaines se déterminer sur leur sort : retour au combat, réforme ou hospitalisation. La présentation des destins singuliers de ces soldats donne lieu à une succession de situations de comédie.
Le film est construit autour de la présentation d’une galerie de cas cliniques et il approfondit le cas de trois d’entre eux. Celui du colonel Bliss qui s’est dédoublé entre Mr Passé et Mr Futur et présente les symptômes de la schizophrénie, celui du caporal Tompkins torturé par la culpabilité et hanté par un souvenir refoulé, il s’est enfui de son avion en feu, abattu par l’ennemi, abandonnant ses camarades d’équipage, enfin celui du capitaine Wilson parachuté en France, territoire ennemi, et que l’on a retrouvé dans une cave où il est resté terré pendant 13 mois, refusant le combat, mais sauvant sa vie, depuis, Wilson se considère comme un lâche et a sombré dans une dépression sévère. Le film de Newman prend prétexte de ces traumatismes de guerre pour imaginer des situations de comédie qui alternent avec des crises souvent spectaculaires et émouvantes, mais qui n’ont pas la force du documentaire réalisé par John Huston sur les traumatisés de guerre intitulé : Let there bee light (1946), film qui a longtemps été censuré par l’armé américaine et que l’on peut voir en version originale sous-titré français sur youtube. (( https://www.youtube.com/watch?v=V053YGwE6dU )).
Les vignettes cliniques présentées par Miller reflètent une conception du psychisme conforme à certains courants dominants de la psychanalyse américaine des années cinquante qui font du symptôme le signe d’une faillite du rapport à la réalité. Le travail thérapeutique a pour but le renforcement du moi au détriment de la compréhension subjective de la rencontre avec le traumatisme et se préoccupe peu de la dimension inconsciente ou subjective de l’événement. La scène pendant laquelle colonel Bliss en plein délire, sujet à une crise violente, est ramené à la raison pas Newman est exemplaire de cette manière de faire. Newman fait face au colonel et lui rappelle qu’il est colonel dans l’armée américaine et officier supérieur, puis il lui ordonne de se contrôler. Le colonel obtempère.
Une scène originale conclut le film. Alors qu’une fête de Noël est organisée dans le camp et que sont réunis les patients, les soignants, les soldats, les chefs et leurs femmes, Leibowitz, l’infirmier interprété par Tony Curtis, met en scène une danse yiddish avec les prisonniers italiens détenus dans le camp, puis la fête de termine avec un chant de Noël que l’assemblée reprend en cœur. Une scène burlesque, étrange et drôlatique préfigurant l’esprit qui saisira l’Amérique dans les années soixante-dix.