Laurel Canyon

Lisa Cholodenko

Avec Frances Mc Dormand (Jane, la mère), Kate Beckinsale (Alex), Natascha McElhone (Sarah), Christian Bale (Ian, l’amant), Christian Bale (Sam, le fils)

Couleurs - 2002 - DVD

L'intrigue

Sam, étudiant en psychiatrie, décide de profiter de l’absence de sa mère, Jane, productrice de musique, pour passer quelques semaines dans sa maison située dans le quartier de Laurel Canyon proche de Los Angeles. Sam est accompagné par sa fiancée Alex qui doit terminer la rédaction de sa thèse universitaire. Quand Alex et Sam débarquent, Jane a encore besoin de sa maison pour terminer ses enregistrements de musique. La maison est occupée par le groupe avec lequel Jane travaille et le jeune couple sage et conventionnel est contraint de cohabiter avec Jane et ses jeunes amis aux mœurs plutôt débridés.

  • Kate Beckinsale (Alex) et Christian Bale (Sam, le fils)

  • Frances Mc Dormand (Jane, la mère)

  • Kate Beckinsale (Alex)

  • Frances Mc Dormand (Jane, la mère) et Christian Bale (Sam, le fils)

  • Natascha Mac Elhone (Sara)

  • Alessandro Nivola (Ian)

  • Frances Mc Dormand (Jane, la mère)

  • Affiche Laurel Canyon

  • Jacquette Dvd: Laurel Canyon

  • Christian Bale (Sam, le fils) et Frances Mc Dormand (Jane, la mère)

  • Lisa Cholodenko

Vieux cool et jeunes cons

A la fin des années 70, un dessin humoristique de Crumb publié dans une revue alternative représentait deux jeunes flics aux cheveux courts, sanglé dans un uniforme impeccable qui traversaient un jardin public sous le regard de deux vieux « baba cool » avec cheveux longs et pétard entre les doigts, qui maugréaient : « Jeunes cons ! ». Ce dessin faisait rire parce qu’il représentait une scène proprement inconcevable à l’époque. Le temps a passé et nous y sommes…
Lisa Cholodenko, est une des rares cinéastes américaines de la génération des années 90 qui refuse de sombrer entièrement dans « l’entertainment » et continue de chercher une voie intermédiaire entre les films de pur divertissement et les films « intellos ». Elle y réussit parfaitement et choisit des sujets politiquement corrects et bien pensants qu’elle met en scène à rebrousse poil.  « High Art » (1998) et « Tout va bien, the kids are all rigths » (2010) témoignent de sa manière et de son obstination. Cholodenko ne travaille pas comme la plupart de ses collègues américains, qui choisissent un sujet scabreux (le porno, la vie d’un personnage douteux, etc.) qu’ils emballent avec suffisamment de sophistication et branchitude pour fabriquer un produit décalé et bien positionné sur le marché du film. Elle se sert du cinéma pour répondre aux questions philosophiques ou politiques qui l’intéressent et qui sont rarement traitées au cinéma : Qu’est-ce que les soixante-huitards ont transmis à leurs enfants ? Que reste-il réellement des années 70 pour les générations qui ont suivi ? Comment les enfants de « bab » considèrent-ils leurs parents ? Elle n’apporte pas de réponse, ne cherche pas le pittoresque, elle ne juge pas, elle ne se moque pas des personnages qu’elle met en scène, mais pousse son questionnement dans ses ultimes limites avec humour et finesse. Sans que jamais la question ne soit énoncée de manière directe, elle traite de la limite. Comment poser une différence entre les générations et les âges et les sexe et pourquoi ?
L’intrigue de « Laurel Canyon » est basée sur l’envers de l’habituelle convention. Un couple de jeunes qui représente les « Wasp » coincés défenseurs de l’ordre et plutôt républicains se confronte à une femme de la cinquantaine qui est dans le camp des libéraux ouverts, progressiste et baba-cool. Pour le personnage de Jane, la mère de Sam, Lisa Cholodenko s’est inspiré de Joni Mitchell, compositrice et productrice de musique des années 70 qui a vécu à Laurel Canyon et c’est Frances Mac Dormand, la célèbre « fliquette » de « Fargo » des frères Cohen, qui incarne ce personnage. Jane vit dans un monde, à l’écart du notre, où les problèmes se règlent avec de l’alcool et un pétard et où chaque jour est une fête. Jane « a traversé sa vie avec une totale désinvolture. C’est un mode de vie enjoué parce qu’il n’y a rien qui la retient. Elle se contente d’écouter de la musique et de s’amuser. (…) Je voulais créer un personnage avec toutes ses qualités et mettre en lumière le côté plus sombre, les conséquences d’un mode de vie aussi romantique »1. Sam, son fils, n’en peut plus de ces ratés sympathiques toujours défoncés qui ont peuplés son enfance. Il ne supporte plus sa mère, constante dans son désordre, toujours occupée entre deux joints ou deux amants et toujours immature. Il est passé de l’autre bord. Il est devenu le fils, coincé, convenable, stressé et perturbé, qui rêve d’une existence ordonnée et prévisible. En y  regardant de plus près il est plutôt « limite » et c’est sans doute pour cette raison qu’il veut devenir psychiatre.
La fin de « Laurel Canyon » est un hommage aux « nouveaux » films hollywoodiens des années 70, « Five easy pieces » de Bob Rafelson (1970)  ou the « Le lauréat » de Mike Nichols (1967). « Les personnages traversent une crise existentielle, mais on ignore comment leur combat se termine. (…) La fin laisse libre cours à toute interprétation »2. Quand Sam disparaît les yeux ouvert dans la piscine on ne sait pas s’il est heureux, s’il veut mourir, s’il souffre ou si il est en train de devenir fou.
Les deux derniers films de Cholodenko : « Laurel Canyon », et « Tout va bien, the Kinds à All rights », bien qu’étant des comédies classiques qui satisfont à tous les critères du genre n’ont pas été distribués en salle en France et ne sont disponibles qu’en dvd. Sans doute les distributeurs de films n’ont pas appréciés ces deux comédies à rebours de la bien pensance…

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