Turn me on
Jannicke Systad Jacobsen
Avec Helene Bergsholm (Alma), Malin Bjorhovde (la mère d’Alma), Matias Myren (Artur), Beate Stofring (Ingrid)
L'intrigue
Alma, une jolie lycéenne s’ennuie ferme dans un village perdu au fin fond de la Norvège. Elle fantasme sur son voisin, sort avec ses copines, boit des bières et rêve de sexe.
Photos et vidéos extraites du film
Une jeune femme qui rêve de sexe
Publié le par Pascal Laëthier
Turn me on que l’on peut traduire par « tu me plais, tu me séduis, tu m’excites » est l’adaptation du best seller de Olaug Nilssen, publié en 2005. Il s’agit d’un « Teen age movie » qui met en scène Alma, une jeune femme qui vit seule avec sa mère dans un village au fin fond de la Norvège. Alma s’ennuie ferme dans un décor « à la Twin Peaks »1
Jannicke Systad Jacobsen traite de façon directe et talentueuse un sujet trop rarement abordé au cinéma. Elle décrit une jeune femme amoureuse qui ne déguise pas son désir et l’exprime simplement. « Il est très inhabituel d’aborder la sexualité des adolescentes au cinéma (…). Je me suis aperçue que ce sujet choquait plus de gens que je ne le pensais. »2. La réalisatrice évite les scènes graveleuses et adopte une esthétique minimaliste et distanciée qui convient parfaitement à son sujet. Elle s’est souvenue de son adolescence : « Toutes les expériences que j’ai vécues pour la première fois étaient intenses, comme tomber amoureuse. Je voulais que tout arrive sans attendre. (…) Je me sentais prête à conquérir le monde, tout comme les personnages du film. De 13 à 19 ans, j’avais l’impression que tout se déroulait comme au ralenti, et ça me désespérait. Je voulais absolument quitter la maison de mes parents, être indépendante et devenir artiste. »3.
La manière de Jannicke Systad Jacobsen transcende la vie quotidienne de son héroïne, elle montre ce drame « minuscule » avec humour, avec une ironie légère et sans se moquer de ses personnages. Les scènes de fantasmes et de rêves sont habilement mélangées à celles de la réalité sans que l’on sache exactement de quoi il retourne. Dans l’existence simple et morne d’Alma, comme dans celle des femmes contemporaines de Freud, le désir hallucine la réalité et lui donne toute sa consistance et sa fantaisie. On constate cependant le chemin parcouru, Alma est une femme active qui revendique sa féminité, qui agit sans complexe, sans inhibition et qui exprime son désir vis à vis des garçons. La jouissance sexuelle des femmes est restée longtemps un sujet tabou au cinéma ou dans la littérature. Elle faisait et fait toujours peur au point que dans certaines cultures, elle est à l’origine des mutilations sexuelles infligées aux femmes. Au début du siècle dernier les sexologues et les psychiatres (hommes) se penchent sur les femmes atteintes de « nymphomanie » qu’ils définissent comme un trouble d’origine organique ou psychique. Le terme est tombé en désuétude pour être remplacé par celui d’« hypersexualité ».
Turn me on montre une femme d’aujourd’hui qui aime, assume ses désirs, ses hésitations et ses déconvenues. Au premier coup d’œil, ça peut sembler évident et facile, à y regarder de plus près, c’est particulièrement bien vu.