Black swan

Darren Aronofsky

Avec Natalie Portman (Nina), Vincent Cassel (Thomas Leroy, le directeur de ballet), Mila Kunis (la rivale), Barbara Hershey (la mère)

Couleurs - 2010 - DVD

L'intrigue

Nina est choisie par le directeur de ballet du « New York City Ballet » pour interpréter le double rôle principal du Lac des Cygnes, (cygne blanc, puis noir). Nina qui vit sous l’emprise d’une mère infernale et toute-puissante, est jalousée par ses rivales, malmenée par le directeur de ballet et écrasée par le stress et la pression du milieu. Sujette à des hallucinations, elle bascule dans la folie.

  • Natahlie Portman (Nina)

  • Natahlie Portman (Nina)

  • Affiche: Black Swan

  • Natahlie Portman (Nina) et Vincent Cassel (Leroy)

  • Darren Aronofsky

La schizophrénie comme spectacle

« Black swan » propose une vision hyperréaliste, virtuose, talentueuse du moment de tension tragique où surgit la folie. Le talent du metteur en scène consiste à mettre le spectateur « dans la tête » de son héroïne pour nous « donner à voir » ce qu’elle éprouve et nous « faire vivre de l’intérieur » le conflit psychique qui la traverse. Le style du film est quasi-documentaire, la caméra d’une extrême mobilité et le rythme haletant. Le suspens est parfaitement maîtrisé, le spectacle réussi et le résultat magistral,
Aronofsky parvient à rendre crédible le caractère « a-logique » des hallucinations de l’héroïne. Nina voit indifféremment sa mère, sa rivale ou elle-même, au gré de la multiplicité de ses identifications/projections, quand la réalité ne fait plus tiers. Il se sert parfaitement de l’étrangeté de ces visions pour nourrir un récit plus en plus complexe et entraîne le spectateur dans un dédale de fausses pistes.
La relation de cette mère dépressive, frustrée et folle qui enferme sa fille dans son propre univers est terrifiante de vérité.
Néanmoins, cette description de la folie observée à travers le prisme unique de la faillite du rapport à la réalité est-elle suffisante ? Certes, « Black swan » est avant tout un spectacle et Aronofsky n’a pas l’ambition de faire un cours de psychiatrie, mais le regard qu’il jette sur la folie n’est pas neutre. Quand Nina hallucine sa mère, sa rivale ou elle-même, c’est elle qui devient littéralement ce qu’elle voit. Ce dont il s’agit dans la folie de Nina, ce n’est pas du dérèglement de la petite machine que constitue sa personne, mais d’une vision interne (hallucination) qu’elle projette littéralement sur les objets qui la regardent. Le film se sert d’un point de vue sur la schizophrénie pour en faire spectacle brillant et divertissant, néanmoins, ce qui se joue réellement dans la folie n’a qu’un lointain rapport avec « le voyage en train fantôme » proposé par le film.