Jimmy P

Arnaud Desplechin

Avec Benicio Del Toro (Jilly Picard), Mathieu Almalric (Georges Devereux)

Couleurs - 2013

L'intrigue

Jimmy Picard, un indien Blackfoot qui a combattu en Europe pendant la seconde guerre mondiale, est admis dans un hôpital du Kansas spécialisé dans les maladies du cerveau. Jimmy P. souffre de vertiges et de maux de têtes. Les médecins ne trouvent pas de cause organique ou biologique (physiologique) à ces symptômes et font appel à Georges Devereux, français d’origine hongroise, spécialiste de culture indienne, ethnologue, mais aussi psychanalyste. Le film est le récit de leur rencontre et de la psychothérapie de Jimmy Picard.

  • Benicio Del Toro (Jimmy Picard) et Mathieu Almalric (Georges Devereux)

  • Mathieu Amalric (Devereux) et Gina Mc Kee (Madeleine)

  • Mathieu Almalric (Georges Devereux) et Benicio Del Toro (Jimmy Picard)

  • Mathieu Almalric (Georges Devereux) et Gina Mc Kee (Madeleine)

  • Benicio Del Toro (Jimmy Picard)

  • Mathieu Amalric

  • Gina Mc Kee

  • Georges Devereux vers 1932

  • Affiche Jimmy P: Benicio Del Toro (Jimmy Picard) et Mathieu Almalric (Georges Devereux)

  • Aranaud Desplechin

Un analyste au travail

« Jimmy P » est l’adaptation du livre de Georges Devereux, ethnologue et psychanalyste intitulé : « Psychothérapie d’un indien des plaines » publié en 1951. Arnaud Despleschin s’éloigne des appartements bourgeois et cossus du septième arrondissement de Paris et s’intéresse à ce qui se passe dans un hôpital militaire américain de la fin des années 40. Il met en scène la rencontre singulière entre un soldat indien américain et un psychanalyste français d’origine hongroise.
Desplechin est parvenu à se mettre, modestement et avec talent au service de son sujet : Donner une représentation cinématograhique crédible de ce qui se passe dans une cure analytique.1 Il ne fait pas l’apologie de la psychanalyse, il ne fait pas un résumé de la cure, il ne nous en donne pas un best off, une collections des moments émouvants ou significatif, mais propose au spectateur d’approcher ce que l’on pourrait appeler « la réalité psychique » de la thérapie. Il présente simplement, sans manière et sans afféterie les aspects énigmatiques, brouillons, obscurs, incertains, douloureux, étranges, mais aussi vivants, passionnants, émouvants et tangibles d’une psychothérapie analytique. Ce qui est particulièrement remarquable dans le regard que pose Desplechin sur l’analyse, c’est l’absence d’intérêt que le réalisateur porte à la signification. On passe par la parole d’un signifiant à un autre sans qu’à aucun moment, ni le thérapeute, ni le patient ne fixe le sens. Ainsi apparaît de manière manifeste ce qui est  opérant dans une cure analytique, à savoir sa dynamique.
Les rêves sont présentés avec sobriété, sans le goût du bizarre et de l’onirisme que l’on trouve habituellement au cinéma et particulièrement chez les surréalistes. Ils sont présentés simplement comme « la voie royale d’accès à l’inconscient » c’est à dire comme des outils de travail, des éléments signifiants qui s’intègrent au récit et marquent les étapes de la cure.
Mathieu Amalric interprète un psychanalyste fougueux, passionné, excentrique, vivant et désirant. A l’opposé du cliché du thérapeute distant, froid et mutique qui est habituellement la norme au cinéma.
Desplechin a trouvé un sujet à la mesure de son talent. Il sert avec sobriété et intelligence à la fois le cinéma et la psychanalyse.

  1. Je dis volontairement « cure analytique » bien qu’il s’agisse en fait d’une psychothérapie, le film de Depleschin fait la preuve que ce n’est pas le divan qui fait l’analyste. []