Point limite
Sydney Lumet
Avec Henry Fonda (Le président), Dans O’Herlihy (Général Black), Waletr Matthau (Professeur Groeteschele), Larry Hagman (Buck, le traducteur), Francl Overton (Général Bogan)
L'intrigue
Une attaque aérienne américaine est déclenchée par erreur contre l’Union Soviétique. Les militaires et les politiques des deux pays font tout pour pour empêcher le destruction de Moscou par l’arme nucléaire. Comment enrayer la folie destructrice des hommes ?
Photos et vidéos extraites du film
Comment mettre fin à la violence généralisée ?
Publié le par Pascal Laëthier
« Point limite » a fait un bide lors de sa sortie en salle en 1964. Il s’agit pourtant d’un remarquable film de Lumet. Quatre semaines avant le début tournage, Stanley Kubrick et Columbia Pictures attaquaient en justice le producteur et les deux universitaires auteurs du best-seller dont est tiré le film, pour plagiat. Ils n’avaient aucune chance de remporter le procès, mais Kubrick s’apprêtait à tourner « Docteur Folamour », une farce tiré d’un roman anglais sur un sujet similaire et redoutait la concurrence du film de Lumet. Il cherchait à faire pression sur Max E. Youngstein, le producteur new-yorkais indépendant de « Point limite » qui n‘avait pas la puissance d’un grand studio Hollywoodien. Des négociations s’engagèrent et aboutirent. La Columbia racheta « Point limite » et le sorti modestement après celui de Kubrick.
Lumet avait la volonté de faire un film politique et sérieux sur la question de la bombe nucléaire. Le sujet était à la mode, mais risqué. Lumet a réuni autour de lui une équipe déterminée et impliquée. Walter Matthau et Henry Fonda étaient connus pour leur engagement dans le camp des démocrates. Le scénariste Walter Bernstein avait figuré sur la liste noire à l’époque du Maccartisme entre 1950 et 1958. John et Faith Hubley spécialiste des effets spéciaux venait d’être renvoyé de chez Disney pour avoir organisée une grève. Film qui a été tourné à New-York disposait d’un très petit budget comparé à un film américain classique. Le ministère de la défense a refusé toute collaboration et l’accès aux banques d’images américaines à été refusé au producteur contraint acheter à l’étranger les images d’archives d’avion en vol.
Malgré les difficultés Lumet réussit le tour de force de maintenir le suspens en menant à bien sa démonstration, sans esbroufe et en renonçant à toute facilité1 alors que l’action du film se déroule presque entièrement entre quatre lieux clos : La salle des cartes de l’état major, un bureau du Pentagone, le bunker du président sous la Maison Blanche et la cabine de pilotage de l‘avion chargé de larguer la bombe. L’une des scènes les plus spectaculaire et des plus remarquable du film est un plan séquence fixe de 4 minutes 30, sur le président des Etat Unis et son traducteur en conversation téléphonique dans un bureau avec son homologue Russe, preuve s’il en était que la qualité d’une scène de film ne dépend pas des moyens et de l’argent dépensé pour peu que le metteur en scène se pose des questions de mise en scène.
Lumet a longtemps été considéré par la critique française comme un réalisateur commercial et inégal.2. Cinépsy a commenté deux autres films de Sydney Lumet : « Equus » (1977) et « A bout de course » (1988).
Documents
Dans son ouvrage « La violence et le Sacré », René Girard analyse le comportement des Chuchki, un peuple du Nord Est de la Sibérie.
« On ne peut pas se passer de la violence pour mettre fin à la violence. Mais c’est précisément pour cela que la violence est interminable. Chacun veut proférer le dernier mot de la violence et on va ainsi de représailles en représailles sans qu’aucune conclusion véritable n’intervienne jamais. (…) En tuant un des leurs les Chuchki prennent les devants. Ils offrent une victime à leurs adversaires potentiels, les invitant ainsi à ne pas se venger, à ne pas commettre un acte qui constituerait un nouvel affront et qu’il serait une nouvelle fois indispensable de venger ». (( RENÉ GIRARD, La violence et le sacré, Paris, Hachette Littératures, Albin Michel, Collection Pluriel, 1990. Pages 42 à 44 ))