L’affaire Courjault

Jean Xavier de Lestrade

Avec Alix Poisson (Véronique Courjault), Gaetan Vassart (Jean-Louis Courjault), Jean-Louis Courjault (lui-même), François Berland (Le président Georges Domergue), Alain Rimoux, (Maître Henri Leclerc), Nissema (Maître Natahlie Senyk), Stéphane Jobert (Avocat général Philippe Varin).

Couleurs - 2009 - DVD

L'intrigue

Jean-Louis Courjault, un ingénieur français vit avec sa femme et ses deux jeunes garçons en Corée du Sud. Il découvre les cadavres de deux bébés dans son congélateur. Sa femme Véronique, incapable d’expliquer leur présence, dénonce une machination. Pourtant les analyses ADN sont formelles, Jean-Louis et Véronique Courjault sont les géniteurs des deux bébés.

  • Alice Poisson (Véronique Courjault)

  • Jean Louis et Véronique Courjaut

  • Stéphane Jobert (Avocat général Philippe Varin), Alain Rimoux, (Maître Henri Leclerc) et Alix Poisson (Véronique Courjault)

  • Alix Poisson (Véronique Courjault)

  • Jean-Louis Courjaut

  • Jacquette DVD

  • Jean Xavier de Lestrade

Déni de grossesse ou passage à l’acte, enjeux théoriques

La méthode de Lestrade

Jean-Xavier de Lestrade est un metteur en scène de fictions et de documentaires qui a réalisé: Un coupable idéal (2003), documentaire tourné en Floride sur un fait divers raciste et ses implications judiciaires, (le film a été récompensé par un oscar) ; Staircase (2004-2012), saga documentaire sur fait divers sanglant : l’affaire Peterson, qui a été l’occasion d’une analyse circonstanciée du système judiciaire américain puis, 3 x Manon (2014) (Fipa d’or 2007), et sa suite : Manon a vingt ans (2017), remarquable série française sur le parcours d’une adolescente de 15 ans en révolte, envoyée dans un centre éducatif fermé. Autant dire que de Lestrade se préoccupe de la question de la justice, de ses effets, de ses moyens et de son système.
De Lestrade s’intéresse à l’affaire Courjault peu de temps avant le début du procès. Véronique Courjault a porté, donné naissance, tué et conservé dans le congélateur familial deux bébés dont son mari, Jean-François Courjault, a découverts les cadavres par hasard. Elle est accusée par la justice de trois infanticides.
Véronique Courjault est une femme apparemment sans histoire qui mène une vie de famille paisible avec Jean Louis, son mari et leurs deux garçons. Véronique Courjault a d’abord nié être l’auteur des crimes : Ce ne sont pas mes enfants, puis, confrontée aux résultats des analyses ADN et contrainte de reconnaître qu’elle était la mère biologique des enfants tués, elle est restée sans voix, incapable d’expliquer et de justifier ses actes. Qu’est-ce qui a poussé cette femme à commettre ces gestes monstrueux, tragiques et incompréhensibles, des actes qui dépassent notre entendement et qui semblent la placer en retrait de notre monde ?
Véronique Courjault a-t-elle tué ses enfants et dissimulé volontairement son crime ? A-t-elle agi avec préméditation ? Dans ce cas quelles seraient ses motivations ?
Jean-Xavier de Lestrade se met au travail : En lisant le compte rendu dans la presse et le dossier d’instruction, je me suis rendu compte que cette femme s’était très très peu exprimée, sur son histoire, sur son parcours et sur ses actes. (…) Je me suis dit : si on veut essayer de la comprendre, si on veut donner un sens à ce qui est incompréhensible, il va falloir écouter ce qu’elle a à dire au cours de son procès. Parce que pendant son procès, elle va comparaître devant une cour d’assise et là, elle va être obligée de mettre des mots sur ses actes, parce que c’est sa vie qui est en jeu. C’est ça qui m’a donné la conviction de la nécessité d’écouter cette femme ((Interview de Jean Xavier de Lestrade dans les bonus du DVD)).
La mise en scène est avant tout une question de forme et de Lestrade s’interroge : quel dispositif mettre en place pour recueillir la parole de cette femme ? Le premier réflexe c’est de dire, essayons de mettre une caméra dans la salle d’assise et de filmer cette parole qui semblait essentielle. L’étape suivante a été de demander une autorisation auprès du ministère de la justice pour pouvoir filmer le procès, mais (…) en France il y a un principe très clair qui interdit de filmer ou d’enregistrer par le son, les débats de cour d’assise. (…) Et effectivement je n’ai pas eu l’autorisation. (…) Je me suis dit, il faut que je pense à une autre manière, à une autre méthode. (…) En même temps, je me disais, ce n’est pas du tout la même chose de filmer la vraie personne qui raconte, ses hésitations, ses trous, ses petits moments d’incohérences, sachant qu’elle a commis un infanticide, de montrer cette vraie personne au public, c’est à dire la montrer totalement et de dire : « Regardez ! Regardez celle qui a tué. » Est-ce que les gens vont pouvoir entendre ce qu’elle dit ? (…) Il y a quelque chose de monstrueux en elle et ce monstrueux met une barrière. Là, on touche au crime absolu et on ne peut peut-être pas s’y confronter directement. (…) Bon, en forçant les portes et en insistant, on aurait pu filmer le procès. Mais à un moment donné, ça m’est apparu comme un truc… impossible… impossible à faire et à filmer parce qu’une caméra, face à quelqu’un comme ça… Il y a quelque chose de l’ordre du pornographique… Une sorte de jouissance insupportable à voir quelqu’un qui se débat… ((Extrait d’un entretien entre Xavier de Lestrade réalisé par Chantal Clouard et Pascal Laëthier le 7 septembre 2018)).
Dès lors, comment faire et comment construire un film s’il est impossible de filmer et d’enregistrer les débats, s’il est impossible de recueillir des images et des sons au moment du procès ? De lestrade: En France il y a un greffe dans les cours d’assise, mais le greffe n’est là que pour marquer l’ordre des témoins et de la procédure, mais rien de ce qui est dit n’est consigné par le greffe. J’ai demandé une autorisation de retranscrire le procès au président (du tribunal). J’en ai parlé avec lui. C’est un homme de loi, il a ouvert son code de procédure, il a regardé les textes, il a dit : voilà ce qui est interdit : il est interdit de filmer, il est interdit d’enregistrer le son, mais rien n’est dit sur l’interdiction de prendre en note l’intégralité des débats. Ce n’est pas interdit, donc si ce n’est pas interdit vous pouvez le faire. Comme rien n’était écrit sur l’interdiction de prendre en note le procès, le président m’a donné une autorisation tacite. (…) On a embauché deux sténotypistes qui se sont relayés pendant le procès pour pouvoir prendre, mot à mot, l’intégralité des débats. Et à partir de ces 800 pages j’ai fait une sorte de scénario avec des scènes. (…) Ce que l’on voit dans le film, ce sont véritablement les mots, les phrases et la manière de le dire de Véronique Courjault. (…) En passant par la médiation du texte on s’y confronte, mais en prenant le texte scrupuleusement, même si on coupe dedans, même si on fait des choix, ce sont ses mots à elle et si on les fait dire par une comédienne et là, peut-être qu’on a une chance qu’elle soit entendue ((Interview de Jean Xavier de Lestrade dans les bonus du DVD)). Au final le film est un mélange de matériaux de différentes provenances : des interviews de témoins et protagonistes de l’affaire qui répondent aux questions du réalisateur, des extraits de journaux télévisés, des images de reportage réalisées par de Lestrade autour et à l’intérieur du tribunal de Tours (mais pas dans la salle d’audience) et des scènes de fiction reconstituées dans un décor de salle d’assise avec des comédiens qui jouent le texte dit par les intervenants du procès.

Le déni de grossesse, un concept écran ?

Le procès jugé à Tours en juin 2009, a été l‘occasion pour le public de se familiariser avec un trouble psychique singulier et peu connu, le déni de grossesse. Une femme peut porter et donner naissance à un bébé sans que cette gestation soit consciemment reconnue et acceptée, sans que son corps change sensiblement d’apparence et sans que l’entourage ne découvre cette grossesse. Comment cela est-il possible ? Cette question a été âprement débattue pendant le procès.
Chantal Clouard cite les paroles de Maître Lebfevre, le défenseur de l’accusée : Il y a du monstrueux chez Véronique Courjault, mais cette femme n’est pas un monstre. Elle poursuit : Pendant le procès et tel qu’il est montré, le spectateur est balloté entre ces deux pôles. (…) La justice est là, dans une certaine logique et en tension avec le discours des psychanalystes et des psychiatres. On est pris. De quel côté est-on ? Le film est une interrogation sur notre régime de croyance. L’intime conviction du réalisateur est au service de quelque chose qui est difficilement pensable puisque c’est le déni. Il s’agit de faire croire ou de convaincre que le déni existe. On est dans de l’impensable et pourtant c’est ce qu’il s’agit de rendre vraisemblable ((Intervention de Chantal Clouard pendant le débat cinepsy du 8 octobre 2018 )).
Tout au long du procès, Véronique Courjault, hésitante, apeurée, mais obstinée et précise, tente de mettre des mots sur ce qui s’est passé. J’ai su que j’étais enceinte, mais je ne l’ai plus su. (…) Ces grossesses, elles n’existent pas pour moi. Je n’étais pas enceinte. (…) Je n’étais pas enceinte d’un bébé. Ca n’a jamais été des bébés. C’était une partie de moi-même.
Pour le président du tribunal, l’affaire est un casse-tête. La justice est chargée d’établir la vérité des faits : on ne peut pas être enceinte et en même temps ne pas être enceinte. Comment Véronique Courjault peut-elle dire une chose est en même temps dire que cette chose n’est pas ?
La partie civile soutient que Véronique Courjault ne pouvait pas ne pas savoir qu’elle était enceinte et donc que les trois meurtres d’enfant étaient prémédités. Certains spécialistes affirment au contraire que cette femme était sous le coup d’un déni de grossesse, que Véronique Courjault n’était pas entièrement consciente de son état et de ses crimes et ses actes étaient, en quelque sorte, « sans sujet ».
Comment Véronique Courjault a-t-elle pu être enceinte trois fois de suite, pendant neuf mois, sans que ni son mari, ni son entourage ne le remarque. Jean-Louis Courjault : C’est tout le paradoxe… quand vous êtes face aux résultats ADN, qui sont positifs… Vous dites aux enquêteurs, Monsieur, vous me parlez d’une réalité physique, je ne suis pas spécialiste, mais je l’accepte, je la conçois, je vous crois… Mais moi je vous parle d’une réalité quotidienne et je peux vous garantir que ma femme n’était pas enceinte. Parce que je ne peux pas passer à côté de la grossesse de ma femme… Comment pouvez-vous imaginer que je puisse passer à côté d’une grossesse de ma femme ? ».
Les spécialistes se succèdent à la barre et le professeur Israël Nisan décrit ce trouble psychique singulier ; une grossesse sur 500 est un déni de grossesse qui se termine, soit par une IVG, un abandon sous X ou encore un infanticide ((Témoignage du professeur Nisand pendant le procès de l’affaire Courjault, retranscrit dans le film par J.X. de Lestrade.)).
Le professeur Nisand soutient qu’une femme peut porter un enfant à l’insu de son entourage et fait remarquer qu’un fibrome de trois kilos, c’est à dire de taille d’un bébé, ne modifie pas l’apparence d’une femme. Le président l’interroge : Qu’est-ce qui fait la différence entre un fibrome et un bébé ? Professeur Nisand : Un enfant n’existe que lorsque sa mère a formulé à son égard une parole d’amour ou de détestation. Quand il n’y a pas de parole pendant la grossesse, il n’y a pas de grossesse. Il ne suffit pas d’être enceinte pour attendre un enfant. Si cette parole n’est pas dite, la reconnaissance ne se fait pas, l’embryon se développe bien, mais il est perçu par la mère comme une partie d’elle-même.
Pendant le procès, Véronique Courjault tente de comprendre ce qui s’est passé et de mettre des mots sur les actes qu’elle a commis. Hélène Molière : Face à cet impensable il n’y avait pas de mots et pendant la garde à vue, ce qu’elle trouve face aux policiers ce sont des explications et pas des mots. Pendant le procès, elle a le temps, et petit à petit elle peut élaborer, elle peut trouver ses mots sous les feux croisés de différentes personnes qui interviennent. Les questions du juge sont très intéressantes, il l’accule parce qu’il est dans un certain registre de logique. Il dit : « vous dissimulez… » ou encore : « je ne comprends pas… », ce qui permet à l’accusée d’avancer parce qu’elle fait des distinctions de mots et à cause de ça, il y a parole. Et la parole c’est d’abord une parole pour soi : se dire à soi-même qu’on est enceinte… ((Intervention d’Hélène Molière pendant le débat cinepsy du 8 octobre 2018)).
Chantal Clouard : Ce film, c’est de la « psychanalyse en acte » dans le sens où il y a une vraie construction, c’est à dire qu’une transformation s’opère, il y a une conversion, au sens d’un retournement sur soi. Entre le personnage du début et la Véronique Courjault de la fin, quelque chose s’est opérée. Cette femme se « psychise », par les interrogatoires et le procès lui-même… procès pendant lequel le juge ne cesse de revenir sur la version antérieure des interrogatoires pour la confronter à son discours. Elle entend ce qu’est le déni de grossesse, s’en empare, l’élabore. Comme pour un bébé et sa mère… Les interrogatoires puis le procès, fournissent une manière de penser… un appareil à penser. Il y a un effet de vérité, d’authenticité et de sincérité. Son acte est rendu représentable, pensable pour elle. Une subjectivation ou d’une « psychisation » se produit… qui n’avait pas eu lieu. La force du film c’est de montrer ce processus dans toute ses nuances et toute sa subtilité. Sans oublier la dureté (du système judiciaire) qui est sans doute nécessaire, parce que c’est ce qui fait force de loi et d’autorité et qui donne un repère à partir duquel elle peut penser. Le discours est médiatisé par une comédienne qui joue le rôle de Véronique Courjault, il est ainsi rendu plus accessible et compréhensible, mis à distance ((Intervention de Chantal Clouard pendant le débat cinepsy du 8 octobre 2018)).
En faisant la différence entre la génitrice et la mère, le concept de déni ouvre une perspective féconde et s’attaque à un des derniers tabous de notre modernité. Laurence Croix : Ce n’est pas parce qu’une femme est en gestation que ça fait d’elle une mère ou une femme enceinte. On ne peut pas comprendre la négation éventuelle d’une grossesse en dehors de la psychose sans ce premier postulat. On a encore du mal à concevoir ces distinctions entre ; femme, gestatrice et mère. Pour les opposants à la GPA en France, une femme qui porte un enfant est une mère, alors forcément si on lui retire l’enfant, elle sera traumatisée, alors que toutes les études montrent le contraire. Elle porte l’enfant et le donne à la mère d’intention ou au père d’intention ou aux parents d’intention.
D’après Chantal Clouard: Le déni de grossesse est un concept récent, le terme officiel date de 1976 en France, en tout cas sous sa forme actuelle. Il a longtemps été étudié en rapport avec la psychose, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Dans le film, le déni de grossesse est un concept passionnant parce qu’il permet de comprendre des choses difficiles à comprendre autrement, à savoir que la grossesse physique suppose une représentation psychique, cependant ce diagnostic psychopathologique recouvre une clinique assez variable et polymorphe. A propos de l’affaire Courjault telle que le film la montre, des questions demeurent, à la fois sur la structure psychique ce cette femme et sur son devenir, si quelque chose semble se produire pendant les interrogatoires et pendant le procès, on ne peut pas présager du devenir de ce processus. Le concept de déni de grossesse aurait donc une fonction de masque ou de blason qui, à la fois donnerait une forme au phénomène et permettrait de rendre compréhensible et saisissable l’acte. Mais en le catégorisant, il en escamoterait l’essentiel, son lien avec la pulsion, son dessein tragique et l’intolérable qu’il représente.
Il est possible que la logique qui procède à la compréhension du concept de déni de grossesse soit précisément celle qui empêche de voir l’essentiel, le risque étant de réduire la causalité à une forme de déterminisme psychologique. Francis Drossart, psychanalyste se rattachant à l’école kleinienne, en parle de manière différente : Ce film et ce débat montrent à quel point nous supportons difficilement les clivages. Nous autres psychanalystes, nous nous croyons plus habiles que les autres, nous croyons arriver à supporter le clivage… eh bien non ! La phrase la plus importante du film c’est ce que dit cette femme, amie du couple : « ce n’est pas une femme à demi-heureuse, c’est une demi-femme heureuse ». Il s’agit bien ici de la « concrétude de l’objet interne » décrite par Mélanie Klein. Cela se retrouve à un moment dans la description par cette mère de sa sexualité : clivage horizontal entre sa sexualité en bas et sa tête en haut… ce que l’on retrouve dans les interprétations faites par les intervenants du film concernant la structure psychique de cette mère… clivage auquel ce soir nous n’échappons pas !… ((Intervention de Francis Drossart au débat cinepsy du 8 octobre »)).
Pour Lacan en matière de criminologie, la psychanalyse « irréalise » le crime, terme emprunté à Georges Bataille, dont la saisie peut être résumée ainsi : pas trop de psychologie ou d’explications, ne pas déshumaniser le crime en faisant de son auteur un monstre ou un anormal, mais réassigner l’acte et tenter de mettre des mots sur un réel qui ne cesse d’échapper. D’après Francesca Biagi-Chai : L’action de la psychanalyse en matière de criminologie serait peut-être aussi de permettre au plus grand nombre d’en savoir un peu, de rendre un peu imaginable l’incompréhensible, l’énigmatique acte du criminel. ((Extrait de l’article de Francesca Biagi-Chai « Lacan criminologue » dans Lacan aux miroirs des sorcières, La cause freudienne n°79, Navarin, 2011, disponible sur cairn : https://www.cairn.info/revue-la-cause-freudienne-2011-3-page-88.htm#no5)).
A la fin de notre entretien avec Jean Xavier de Lestrade, Chantal Clouard et moi-même l’avons interrogé sur son intérêt pour les personnes singulières et parfois criminelles, dont il a fait les personnages de ses films, Jean-Xavier de Lestrade : Au sujet de l’affaire Peterson par exemple, entre quelqu’un qui a commis un crime barbare : tuer sa femme en lui tapant sur la tête, en s’acharnant sur elle pendant une bonne heure et demie, jusqu’à ce qu’elle meurt en se vidant de son sang… Dans ce cas précis, si c’est un crime, ce n’est pas un accident… Entre quelqu’un qui a commis ça et quelqu’un qui ne l’a pas commis, on a toujours la tentation de penser qu’on va voir la différence. Forcément, en passant du temps avec cette personne à un moment donné, on va s’en rendre compte. Et au fond, c’est ça qui est extraordinaire et fascinant dans la complexité humaine, c’est que en fait, on ne peut pas… C’est qu’il n’y a pas de réponse, il n’y a pas de certitude… Ça montre aussi que chaque être humain est beaucoup plus complexe que ce qu’il veut bien donner à voir… On a la tentation de vouloir toujours simplifier. Il y a le « labeling » comme disent les Anglais, tout de suite tu vois les gens et dans ton cerveau tu les classes, tu les mets dans des cases. Ce type est de telle catégorie sociale. Il y a un truc qui catégorise… Quelque part ça rejoint le travail que vous faites…C’est toujours plus riche, plus complexe que ce à quoi on voudrait s’attacher pour se simplifier la vie. Mais non, il ne faut pas… On ne peut pas céder sur ça… ((Extrait d’un entretien entre Xavier de Lestrade réalisé par Chantal Clouard et Pascal Laethier le 7 septembre 2018)).

Interview d’Elisabeth Badinter à propos de « l’instinct maternel » de 1981
https://ici.radio-canada.ca/info/videos/media-8315544/en-1981-elisabeth-badinter-demonte-mythe-instinct-maternel