Mère-fille, mode d’emploi

Garry Marshall

Avec Jane Fonda (Georgia, la grand mère), Félicity Huffman (Lilly, la mère), Lindsay Lohan (Rachel, la fille), Dermot Mulroney ( Dr Simon Ward)

Couleurs - 2007 - DVD

L'intrigue

Rachel est tellement insupportable que sa mère, Lilly, décide de l’envoyer quelques mois chez sa propre mère, Georgia, qu’elle n’a pas vue depuis 13 ans. La grand-mère qui vit à Hull une petite ville perdue au fin fond de l’Idaho, s’impose des règles de vie strictes auxquelles personne ne déroge. Les retrouvailles de Rachel avec sa grand-mère sont plutôt explosives. Les mœurs plutôt « libres » de Rachel et sont franc parler font l’effet d’une tornade dans la petite ville paisible.

  • Félicity Huffman (Lilly, la mère), Jane Fonda (Georgia, la grand mère) et Lindsay Lohan (Rachel, la fille),

  • Lindsay Lohan (Rachel)

  • Lindsay Lohan (Rachel) et Dermot Mulroney (Simon)

  • Dermot Mulroney (Simon) et Lindsay Lohan (Rachel)

  • Lindsay Lohan (Rachel, la fille) et Garrett-Hedlund (Harlan)

  • Felicity Huffman (Lilly, la mère) et Lindsay Lohan (Rachel, la fille),

  • Jane Fonda (Georgia, la grand mère)

  • Félicity Huffman (Lilly, la mère),

  • Garrett Hedlund

  • Jane Fonda (Georgia, la grand mère), Félicity Huffman (Lilly, la mère), Lindsay Lohan (Rachel, la fille)

  • Garry Marshall

  • Garry Marshall

  • Mère fille : Affiche

  • Mère fille jacquette dvd

Merci d’avoir dit : « Non ! »

Garry Marshall, le réalisateur de cette comédie légèrement décalée, s’est fait remarquer avec « Pretty Woman » (1990) qui a cartonnée au box office. Le scénariste, Mark Andrus a été nominé au oscars pour une comédie de James L. Brooks « Pour le pire et pour le meilleur » (1998). « Mère fille mode d’emploi » met en scène trois générations de femmes, une grand mère provinciale, stricte, voir rigide; une mère alcoolique, dépressive, mais amoureuse et une jeune fille délurée et paumée victime d’abus sexuel de la part de son beau-père. Le scénario épouse l’air du temps et décrit un monde où les femmes, bien vivantes, énergiques, attachantes, sont entourées d’hommes coincés, ringards ou pervers qui peinent à tenir la route et à se mettre au niveau.
« Mère-fille, mode d’emploi » est une comédie bien dialoguée, simplement mis en scène et particulièrement bien jouée. Garry Marshall n’a pas l’ambition de passer pour un auteur, mais on doit lui reconnaître une certaine obstination dans le choix de ses sujets. A l’époque de « Pretty Woman » et malgré le succès du film, une partie de la critique avait jugé sévèrement les aventures de cette prostituée qui prend lentement conscience de sa condition. Marshall utilise de nouveau un motif proche, Rachel, la jeune adolescente délurée a plus que des points communs avec le personnage interprété par Julia Roberts. L’ambivalence, la perte de repères voire la confusion dont font preuve les adultes abusés pendant leur enfance, est utilisée ici comme ressort de comédie. L’écheveau de sentiments contradictoires qui assaillent Rachel dans les rapports avec son agresseur, mais aussi son entourage est bien observé. Que faire des hommes que Rachel rencontre ? Des amis, des amants ou des pères ? Derrière la femme effrontée au physique provocant, se dissimule une petite fille qui cherche désespérément un homme capable de lui dire « non ».

Documents

Extraits du livre de Léonard Shengold, « Meurtre d’âme, le destin des enfants maltraités » :

« Il est des histoires racontées par des patients qui pourraient faire sangloter un psychiatre : « Mon père frappait si fort qu’il nous cassait les os ». « Ma mère mettait de la lessive dans les flocons d’avoine de mon frère retardé mental ». « Ma mère laissait ma porte de sa chambre ouverte quand elle ramenait des hommes à la maison pour nous montrer qu’elle couchait avec eux ». « Mon beau-père prenait des bains avec moi et me faisait le sucer jusqu’à ce qu’il éjacule, et quand je l’ai dit à ma mère, elle m’a donné une gifle en me traitant de menteur ». (…) Dans ces histoires où les rôles sont tenus par des parents psychotiques ou alcooliques, l’amour et l’empathie ne sont jamais présents, ou seulement par intermittence. La froide indifférence et la haine destructrice règnent en maître. Une sorte de lavage de cerveau s’opère ; la pratique du déni par les parents conduit l’enfant à douter de ses propres sens, de sa mémoire  » (( LEONARD SHENGOLD, Meurtre d’âme, le destin des enfants maltraités, 1989, Paris, Ed. Calmann Lévy, Col. Le passé recomposé, 1998, Page 23 )).

« Faire la part entre le fantasme et le souvenir est une tâche malaisée, voire impossible. Souvenir et fantasme toujours s’entremêlent. Pourtant il est nécessaire de pouvoir les différencier dans notre présent. (….) Pour avoir conscience de notre identité, nous devons savoir (ou du moins avoir l’intuition que nous savons) ce qui est vrai et ce qui fut « vrai ». (( LEONARD SHENGOLD, Meurtre d’âme, le destin des enfants maltraités, 1989, Paris, Ed. Calmann Lévy, Col. Le passé recomposé, 1998, Page 25 )).

« Un enfant brimé par un de ses parents fait souvent appel à ce parent pour obtenir aide et secours, surtout si l’autre parent se montre trop faible ou absent, voire complice du persécuteur. (…) L’enfant escompte que le parent qui a abusé de lui, et qu’il associe au mal infligé, le soulagera de la détresse qu’il lui doit, par un appel à l’aide désespéré, l’enfant se fabrique une image délirante du bon parent, seule capable de l’aider à contenir l’intensité de sa peur et de sa rage. L’alternative – une image parentale mauvaise – signifierait l’annihilation de son identité et du sentiment de soi. Le mauvais est donc enregistré comme bon. En réalisant cette véritable opération de clivage psychique, l’enfant ancre en lui-même l’idée délirante que ses parents sont bons et il invente une fiction délirante : la terreur, la douleur et la haine deviendront amour » (( LEONARD SHENGOLD, Meurtre d’âme, le destin des enfants maltraités, 1989, Paris, Ed. Calmann Lévy, Col. Le passé recomposé, 1998, Page 36 )).