La vallée de la peur

Raoul Walsh

Avec Theresa Wright (Thorley Callum, la fille), Robert Mitchum (Jeb Rand, le fils adopté), Judith Anderson (Grant Callum, la mère), Dean Jaeger (Grant Callum, le fils)

Noir et blanc - 1947 - DVD

L'intrigue

Jeb Rand (Robert Mitchum) attend, dans un ranch abandonné, les hommes qui viennent pour le tuer. Il se souvient de son enfance. Une enfance orpheline, marquée par la haine et par l’étrange vision de bottes à éperons, allant et venant sur un parquet de bois…

  • Robert Mitchum (Jeb Rand, le fils adopté), Theresa Wright (Thorley Callum, la fille) et Dean Jaeger (Grant Callum, le fils)

  • Robert Mitchum (Jeb Rand, le fils adopté) et Theresa Wright (Thorley Callum, la fille)

  • Judith Anderson (Grant Callum, la mère) et Theresa Wright (Thorley Callum, la fille)

  • Theresa Wright (Thorley Callum, la fille) et Robert Mitchum (Jeb Rand, le fils adopté)

  • Robert Mitchum (Jeb Rand, le fils adopté)

  • Robert Mitchum (Jeb Rand, le fils adopté)

  • Raoul Walsh

  • affiche

  • Affiche US

Un western à la manière de Sophocle

« Tout le cinéma américain, même dans les films où on n’a pas l’air d’en parler, est habité par la psychanalyse. Les deux (la psychanalyse et le cinéma) sont de grandes inventions de fabrique de héros, de rêves et c’est pour ça que le cinéma américain a toujours pris les grands mythes, parce que c’est un cinéma mythique. C’est pour ça que j’ai toujours dit que Hollywood c’est la psychanalyse. Même quand ils sont le plus éloignés de la psychanalyse, elle n’y est pas forcément sous des formes qu’on     attend » (( ELISABETH ROUDINESCO, Conférence à la Cinémathèque Française à propos du film de John Huston, Freud, passion secrète le 11 juin 2016 )).
« Pursued », (Traduit en français par La vallée de la peur), illustre ce propos d’Elisabeth Roudinesco. Walsh n’était sans doute pas un grand lecteur de Freud, mais il réalise un film profondément imprégné par la psychanalyse. La vallée de la peur n’est pas un film intellectuel, ce n’est pas un film conceptuel, c’est un authentique western mené par Walsh sur un rythme trépidant qui raconte une histoire d’amour et de haine fraternelle et qui dissèque des liens familiaux complexes. Walsh regarde du côté de Sophocle et ne s’intéresse pas à la psychologie, il se préoccupe peu du manque de cohérence de certains de ses personnages, ce qui lui importe, c’est de faire exister cette « autre scène » chère à Freud, celle où se joue les destins de ses personnages. « C’est bien le mythe d’Œdipe, transposé au Nouveau-Mexique, qui anime tout le film. Ce héros antique condamné par le Destin est interprété par un Robert Mitchum remarquable, dans un de ses premiers grands rôles. L’ambiguïté de son personnage, qui incarne le Bien alors que sa physionomie figure le Mal, rappelle le héros de Sophocle et montre à quel point Raoul Walsh et Niven Bush (le scénariste du film) soignent leurs personnages pour offrir une densité à une histoire pourtant simple. » (( Auteur inconnu, article consacré à « Pursued » au festival Lumiere2016 de Lyon, http://www.festival-lumiere.org/manifestations/la-vallee-de-la-peur.html )) Kirk Douglas est « intranquille » comme Oedipe de Sophocle. « Obsédé par son passé, hanté par des visions cauchemardesques et fantômatiques, il n’a de cesse d’essayer de se remémorer d’où vient son traumatisme né dès l’enfance (( Article de Eric Maurel pour dvdclassik :http://www.dvdclassik.com/critique/la-vallee-de-la-peur-walsh )) Raoul Walsh s’empare de ce récit freudien « avec une facilité stupéfiante sans jamais le souligner. Il semble être dans son élément naturel, orchestre le tragique de ce conte d’amour et de mort avec une rigueur, une maestria qui en font le prototype paradoxal du film maudit qui n’a jamais réussi à être reconnu comme tel »  (( Jean-Pierre COURSODON et Bertrand TAVERNIER, 50 ans de cinéma américain, Nathan,1995, p 965 )). Jacques Lourcelles rend compte du film en ces termes : « Western, psychanalytique d’une part, poème et fresque cosmique de l’autre, le territoire et l’ambition du film sont immenses, presque illimités. La trajectoire de cette destinée d’un personnage subissant l’emprise de son passé permet à Walsh de bâtir et d’explorer un univers qui commence au plus profond du cœur d’un homme et va se perdre quelque part dans l’infini des cieux. Récit concret, physique d’une haine plus dense encore que la pierre, (…) « Pursued « est aussi une immatérielle histoires de fantômes (…) (( JACQUES LOURCELLES, Dictionnaires du cinéma, Col. Bouquin, Robert Laffont, 1992, p 1536, ))