Equus

Sydney Lumet

Avec Richard Burton (Martin Dysart, le psychiatre), Peter Firth (Alan Strang, le patient), Colin Blakely (le père), Joan Plowright (la mère)

Couleurs - 1977 - DVD

L'intrigue

Dans une petite ville anglaise, Alan Strang, un jeune homme de dix-sept ans, passe devant le tribunal pour enfant. Il a crevé les yeux de six chevaux avec un crochet métallique au manège où il travaille chaque week-end comme garçon d’écurie. Sur l’insistance d’une amie, Martin Dysart, psychiatre et directeur de l’hôpital psychiatrique local, prend Alan Strang en thérapie. Dysart doit gagner la confiance du jeune garçon et vaincre ses résistances. Il fait preuve de patience et d’obstination. C’est par la ruse et avec l’hypnose qu’il parvient à mener une enquête sur sa vie d’Alan pour faire ressurgir des pans entiers de son passé.

  • Richard Burton (Martin Dysart, le psychiatre) et Peter Firth (Alan Strang, le patient)

  • Peter Firth (Alan Strang)

  • Richard Burton (Martin Dysart, le psychiatre),

  • Peter Firth (Alan Strang)

  • Peter Firth (Alan Strang, le patient)

  • Richard Burton (Martin Dysart, le psychiatre)

  • Sydney Lumet pendant le tournage d'Equus

  • Affiche: Equus

  • Affiche: Equus

  • jacquette dvd: Equus

La psychose en thérapie

« Equus » est d’abord un texte écrit pour le théâtre par Peter Shaffer. Sydney Lumet a sollicité l’auteur pour qu’il en fasse une adaptation pour le cinéma, puis engagé les deux acteur qui venaient de faire triompher la pièce aux Etats-Unis et à Londres : Richard Burton dans le rôle du psychiatre et Peter Firth dans celui du jeune patient.

La pièce et le film sont conçus comme une enquête psychologique au cours de laquelle le psychiatre et les spectateurs découvrent les enjeux et les motivations inconscientes du jeune patient. Burton interprète un psychiatre tout à fait crédible, désirant, opiniâtre, un type honnête qui s’engage à fond au côté de son patient dans une lutte sans merci contre la maladie et témoigne par la même d’une conception très anglo-saxonne de la psychothérapie. Le cinéaste et son scénariste ne cèdent pas à la facilité et font preuve d’audace. La partie la plus réussie du film, celle où Shaffer et Lumet nous plongent au cœur de la psychose et dévoilent ce qui s’apparente à la présentation du fantasme inconscient d’Alan Strang à travers la mise en image de ses délires ainsi que d’un souvenir d’enfance et enfin de celui d’une scène étrange et énigmatique où Alan Strang, à genoux sur son lit d’enfant, le mors aux dents, devient littéralement « cheval » et se cravache. On peut trouver cette manière de rendre compte  la « folie » outrée, réductrice et faisant trop de concession au spectacle. Il n’empêche qu’elle propose une représentation de la psychose très différente de ce qui est la norme au cinéma.

La suite du film est plus problématique. Le scénario devient explicatif et démonstratif. Les angoisses du psychiatre qui est littéralement envahi par le délire de son patient contaminent le film. L’intrigue fait l’exposition des pires travers dans lesquelles la psychanalyse anglo-saxonne s’est engluée dans les années 60 et dont Lacan s’est fait le pourfendeur en son temps.

La thèse de l’auteur, défendue par Martin Dysart, est la suivante : « Il vaut mieux être anormal et croire en quelque chose avec passion, qu’émasculé et ramené à la médiocrité moyenne ». (( Equus, Dossier de presse. Les artistes associés )) D’après le dossier de presse, « Equus fait le procès de la psychiatrie qui réduit les gens à la norme, qui stérilise l’être humain ». Cette thèse a fait long feu et « Equus » est un indiscutablement un film des années 70, une époque où la psychiatrie et les psychiatres conscients des contours incertains de leur discipline conservaient un lien avec la philosophie, la sociologie, la littérature, la mythologie, la psychanalyse ou encore l’ethnologie. Nous sommes aujourd’hui passé à l’opposé de cette manière de penser.

Dans son dictionnaire du cinéma, Jacques Lourcelles mentionne l’existence d’un film italien de 1968 de Nelo Risi, intitulé « Journal d’un schizophrène » antérieur à « Equus ». « Le premier film de fiction qui soit entièrement consacré à la description d’une cure psychanalytique et thérapeutique subie par un malade complètement coupé de la réalité extérieure ». (( LOURCELLES JACQUES, Dictionnaire du cinéma, Robert Laffont, Coll. Bouquin, Paris, 1992, p. 806. Le film de Nélo Risi est invisible et n’a jamais été édité en cassette ou en dvd. ))