A la dérive

Guy Ritchie

Avec Madona (Amber), Adriano Giannini (Pepe)

Couleurs - 2002 - DVD

L'intrigue

Un groupe d’Américains fortunés investissent le bateau qu’ils ont loué pour passer des vacances en Grèce. Amber, une femme capricieuse et insatisfaite prend en grippe Pepe, l’un des marins italiens affecté à son service. Un jour que Pepe et Amber partent en zodiac pour rejoindre la côte, une panne de moteur et un orage les oblige à dériver en pleine mer. Ils échouent sur une île déserte. Les rôles s’inversent…

  • Madona (Amber)

  • Yorgo Voyagis (le capitaine) et Madona (Amber)

  • Madona (Amber) et Adriano Giannini (Pepe)

  • Madona (Amber) et Adriano Giannini (Pepe)

  • Adriano Giannini (Pepe) et Madona (Amber)

  • Adriano Giannini (Pepe) et Madona (Amber)

  • Madona (Amber)

  • Adriano Giannini (Pepe)

  • A la dérive : Affiche

  • Madona, Guy Ritchie et Adriano Giannini

  • Guy Ritchie

Robinson en vacances

« A la dérive » est le remake d’un film italien écrit et réalisé par Lina Wertmüller : (( « Vers un destin insolite, sur les flots bleus de l’été » (1974). L’acteur Adriano Giannini qui interprète le rôle de « Pepe » dans « A la dérive » est le fils de Giancarlo Giannini, le comédien qui interprète le même rôle dans le film de Wertmüller )) Guy Ritchie, le réalisateur, a engagé Madona, sa compagne de l’époque, pour interpréter le rôle principal de ce film qui n’eut aucun succès (( Il semble pourtant avoir été remarqué puisqu’il à reçu le prix du pire film de l’année 2003 au « Razzy award », un pastiche de la cérémonie des oscars où des professionnels décernent des distinctions aux plus mauvais films de l’année. )). Le film est sans doute raté, mais il n’est pas pour autant dépourvu d’intérêt. Il commence classiquement, mais habilement par l’arrivée d’une cohorte d’Américains suffisants, incultes et vulgaires, déguisés en touristes qui cohabitent avec la troupe des autochtones miséreux, serviles et cyniques qui sont payés pour les servir. « A la dérive » montre frontalement ce que dissimulent nos photos de vacances et les commentaires des guides touristiques, l’hypocrisie et l’inévitable violence liées au statut de touristes en vacances. Le film s’effondre quand la confrontation entre ces deux mondes dépasse celui des « petites différences », c’est à dire celui des considérations politiques et racistes et se concentre sur l’affrontement entre un homme et une femme. Pepe et Amber se retrouvent seuls sur une île déserte. Le film décrit la relation perverse de dépendance qui s’instaure dans la confrontation des corps et des sexes de deux êtres placés dans cette situation singulière. Les jeux de pouvoir s’inversent et ils sont véritablement « nus » l’un en face de l‘autre. Subsiste seulement, la haine puis l’attirance. Ritchie ne se montre pas à la hauteur de son sujet. Il panique à la vue de sa femme dans les bras de l’acteur de son film, Madonna n’est pas crédible en femme soumise et amoureuse et Giannina ne parvient pas à dépasser l’image de bellâtre italien que dégage son physique. L’auscultation de la perversité de la relation de Pepe et d’Amber et de leur rapport de domination ne dépasse pas le niveau du roman de gare. Dommage… On imagine qu’Ozon ou Almodovar aurait relevé le défi avec un autre panache.
En 1953, Sternberg dans « Fièvre sur Antahan » avait abordé un sujet proche avec plus de réussite : Sur une île déserte, un groupe de soldats japonais continuent de se battre avec un seul revolver contre un ennemi imaginaire bien après la fin de la guerre. Ils découvrent que l’île est habitée par une femme. S’ensuit une lutte sans merci pour la posséder. Celui qui possède le revolver possède la femme.